vendredi 12 août 2011

Meurtre à Louroux-de-Bouble



Le 25 février 1821 Antoine Valignat, tisserand à Louroux-de-Bouble, est retrouvé étendu sur la place du village. 

La découverte a lieu quelques instants après qu’il a été renvoyé du cabaret de Jean Bousset, pour s’être battu avec d’autres clients. Soigné et transporté à son domicile, il décède quelques jours plus tard en ayant refusé de désigner son ou ses agresseurs devant la justice. Un arrangement avait probablement été passé entre les parties pour éviter les complications.
Le décès déclenche néanmoins une enquête qui cible rapidement les deux comparses protagonistes de la rixe du cabaret : Antoine Lépine, un jardiner de 28 ans et François Jeanton, un jeune meunier. C’est finalement Antoine Lépine qui est envoyé devant le tribunal et qui est condamné le 19 juillet 1821 à la peine de travaux forcés à perpétuité. 

Jacques Thuizat (1), jeune laboureur de Louroux (il est âgé d’à peine plus de 20 ans) est témoin d’une partie de la scène et fait partie des personnes citées au procès. Sa déposition est assez laconique et cache peut-être le soucis de ne pas en dire trop. Il est tout de même quasiment le premier à pouvoir discuter avec la victime après l’agression. Voici l’intégralité de la déposition :

«Jacques Thuizat nous ayant représenté la citation à lui donné pour déposer, après serment par lui fait de dire toute la vérité, rien que la vérité, enquis par nous de son nom, prénom, âge, profession et demeure, s’il est parent, allié ou domestique du prévenu et à quel degré, à répondu ci (…) Jacques Thuizat, âgé de vingt-deux ans, surnommé Barnichon, laboureur demeurant la commune de Louroux-de-Bouble, ni parent, allié, ni domestique du prévenu.

Déclare que le 21 février dernier sur les 10 heurs du soir, sortant de l’auberge de Bonjean et étant à peine entré chez Bousset, la fille Valignat arriva et le pria de l’aider à transporter chez lui son père que l’on venait d’assassiner sur la place, qu’il y fut avec Jean Jeanton de Louroux et le gendre de Valignat et le trouvèrent sans mouvement sur la place et le transportèrent chez lui, qu’il reprit connaissance mais ne put dire qui étaient ceux qui l’avaient frappé ; qu’il ne revut Valignat que le trois du courant au soir, qu’il l’a même veillé pendant la nuit qu’il passa dans le délire et il mourut le lendemain après midi ; qu’il ne sait rien de particulier sur les circonstances de cet événement que c’est tout ce qu’il a dit savoir
Lecture à lui faite de la déposition, il a dit qu’elle contenait la vérité»


(1) voir l'article sur l'ascendance d'Antoine Thuizat : ici

bibliographie / sources :
- G.MANIVIERE, Deux siècles d'affaires criminelles en Bourbonnais, 1783-1974, ? (pour une relation détaillée de l'affaire)
- AD03 série 2U92 (le détail des dépositions)



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